La pensée computationnelle, une discipline qui cache bien des atouts pour se démarquer dans le monde de demain.
La pensée computationnelle : de quoi s’agit-il ?
Pensée computationnelle, computational thinking (« CT » pour les intimes), pensée informatique… Ces trois termes à première vue hermétiques font en fait référence à un seul et même concept théorisé par l’informaticien Seymour Papert en 1996. Il s’agit d’une façon de réfléchir particulière qui s’inspire des sciences informatiques pour faciliter la résolution de problèmes complexes.
On considère que cette pensée computationnelle repose grosso modo sur quatre étapes successives.
- La décomposition : le problème est éclaté en plusieurs sous-problèmes.
- La reconnaissance des modèles : des patterns sont identifiés.
- L’abstraction : les éléments non essentiels du problème sont écartés.
- La pensée algorithmique : le parcours de résolution du problème est défini.
À quoi sert la pensée informatique ?
Vous aurez remarqué que dans l’expression « pensée computationnelle », on retrouve le terme « computeur » (ordinateur). Ce n’est pas un hasard. C’est en premier lieu dans le secteur informatique que la pensée computationnelle prend tout son sens. Elle sert alors à décliner des solutions sous forme d’algorithmes compréhensibles et exécutables par des programmes.
Mais la pensée computationnelle va bien au-delà de l’ordinateur. Elle ne consiste pas à penser comme une machine, mais à penser avec cette machine. En ce sens, la pensée informatique est une sorte de trait d’union entre la capacité de traitement de l’information des machines et la pensée humaine. Bref, l’humain (la « pensée ») reste le maillon essentiel de la chaîne. Ce qui signifie que la pensée computationnelle ne se limite pas à la résolution de problèmes. Elle investit aussi le champ de la création.
Et en dehors de la programmation ?
Aussi, la pensée computationnelle ne concerne pas exclusivement les programmeurs ou ingénieurs en informatique. Il s’agit avant tout d’une approche globale que chacun gagne à mobiliser dans son quotidien pour relever des défis avec méthode. Par conséquent, pourquoi ne serait-elle pas enseignée à l’école, au même titre que les mathématiques ou la lecture ?
C’est la question soulevée par plusieurs chercheurs, Jeannette Wing en tête. Dans un article de 2006, la professeure d’université affirme que la pensée computationnelle devrait être une compétence fondamentale. Résultat : le computational thinking accapare une place de plus en plus généreuse dans les programmes de recherche pour l’éducation.
Une aptitude dans le viseur des recruteurs
Le World Economic Forum de 2016 a donné le ton. L’aptitude à résoudre des problèmes complexes sera une compétence clé sur le marché de l’emploi de demain. D’où un intérêt croissant pour la pensée computationnelle. À l’heure de l’intelligence artificielle, sa maîtrise aide à cerner le fonctionnement des machines et à développer le machine learning.
Mais la pensée computationnelle se présente d’abord comme une compétence transversale. Savoir comment décortiquer les problèmes est un atout stratégique universel applicable dans tous les secteurs. Et pour former ces professionnels éclairés, il faut intervenir dès l’enfance.
Le computational thinking en pratique : comment le développer ?
Ainsi, les initiatives se multiplient dans le monde entier pour initier les jeunes à la pensée computationnelle. Par exemple, le projet Open Source Physics du ministère de l’Éducation de Singapour a été récompensé par le prix UNESCO pour son utilisation des TIC dans l’éducation.
Le développement de la pensée informatique chez les enfants repose sur l’apprentissage du code. Toutefois, certains chercheurs mettent le holà. Shuchi Grover rappelle qu’il est crucial que l’enseignement de la programmation soit accompagné d’un guide à la conceptualisation. Sans rigueur ni savoir-faire pédagogique, la pensée computationnelle ne demeurera qu’un graal inaccessible.
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